Zones humides hyéroises Var
Les zones humides : connaître leurs rôles prépondérants
Grâce à des conditions biogéographiques exceptionnelles (climat méditerranéen, ensoleillement, diversité de roches et de milieux terrestres et maritimes), la commune de Hyères est la plus riche du département du Var et l'une des plus riches de la région PACA pour son patrimoine naturel. De par leur superficie (plus de 1500 ha) et leur intérêt écologique, les zones humides occupent une place prépondérante dans le territoire communal.
1) Les Salins d'Hyères
Couvrant une superficie d'environ 950 hectares, les salins des Pesquiers et les Vieux Salins représentent la seule zone humide de cette importance située entre la Camargue et l'Italie. L'aménagement de ces marécages en marais salants est connu depuis le Xe siècle pour les Vieux Salins et à partir de 1848 pour l'étang des Pesquiers. Mais la production de sel assurée par la Compagnie des Salins du Midi a cessé en 1995.
Ce vaste ensemble possède un assortiment de milieux humides de salinités diverses, qui lui confère une richesse en habitats et en espèces rarement égalée (200 espèces d'oiseaux ont été recensées au total).
Les salins des Pesquiers
Ces Salins de 600 ha comportent des bassins de profondeur variable ceinturés par des plages de vases propices aux oiseaux limicoles et à de nombreux insectes. Ils constituent le seul étang saumâtre qui persiste dans ce secteur fortement urbanisé.
Les Vieux Salins
350 ha ont été partiellement exploités dans leur partie ouest. Ils s'étendent en arrière d'un très long cordon littoral (3 km) et constituent la seule formation de ce type à peu près intacte entre la Camargue et l'Italie. Ils comportent des formations végétales de dunes et des sansouires à Salicornes.
Ce double espace qui a constitué un enjeu foncier majeur a fait l'objet de nombreuses menaces (projets d'urbanisation, braconnage, agrandissement de la décharge du Palyvestre, installation de plagistes…).
Le rachat des anciens salins hyérois par le Conservatoire du Littoral :
Depuis l'arrêt de l'exploitation des salins, de nombreux épisodes pendant les années 90, la commune de Hyères a finalement exercé son droit de préemption. Les négociations pour son acquisition qui opposaient le Conservatoire du Littoral et les Salins du Midi ont abouti en juin 2001. Finalement le différend entre la Société des Salins d'Europe, qui demandait 159 Mfr et le Conservatoire qui proposait seulement 34 Mfr a été arbitré par le TGI de Toulon qui a fixé l'indemnité d'expropriation à 94 Mfr, en juin 2001.
Le Conservatoire du Littoral a donc acheté pour l'État ces zones humides d'un très grand potentiel écologique, notamment comme escale des oiseaux migrateurs. Les 950 hectares de marais salants et de lagunes des Vieux Salins et des Pesquiers sont à l'abri de la spéculation immobilière.
Cet établissement public, dont la mission consiste à acquérir des espaces naturels sensibles pour les soustraire aux pressions d'urbanisation, n'a pas vocation à gérer les sites dont il est propriétaire.
La gestion des anciens salins
Elle a d'abord été confiée par la Municipalité au Parc national de Port-Cros qui se charge de l'entretien et de la remise en état des canaux et des pompes avec le soutien de Totalfinaelf.
L'intérêt écologique exceptionnel des Salins de Hyères a été reconnu à l'échelle nationale et internationale. La zone a fait l'objet d'inventaires ZNIEFF et ZICO, et compte parmi les sites éligibles au réseau Natura 2000.
Les anciens salins sont gérés, depuis 2004, par la Communauté d'agglomération Toulon Provence Méditerranée (TPM), par substitution à la Mairie d'Hyères et en partenariat avec le Parc national de Port-Cros.
2) Les zones du Palyvestre, de l'Ayguade, de Macany et du Ceinturon
Couvrant une superficie d'environ 600 ha, ces zones se situent entre des espaces agricoles et le littoral, aux abords du Roubaud et du Gapeau. Cet espace exceptionnel présente une zonation caractéristique représentative de ce qui existait par le passé dans l'ensemble de la plaine hyéroise avec :
- une zone de friches naturelles, régulièrement inondée en hiver et affectée l'été par de fortes remontées salines. Ces conditions entraînent des milieux très variés (marais temporaires ou permanents, prairies inondées d'eau douce ou saumâtre) ;
- une zone souvent inondée en hiver mais moins sujette aux remontées salines en été. C'est la zone des marais d'eau douce et des prairies humides qui a fait la richesse de la plaine agricole de Macany avec ses alternances de cultures, de fossés et de rideaux de cannes de Provence.
Bien que morcelées, ces prairies n'en sont pas moins intéressantes du fait des nombreuses fonctions qu'elles remplissent, tant sur le plan hydraulique qu'écologique. Le terrain de la Bascule, frênaie située entre le Ceinturon et l'aéroport, constitue une véritable mosaïque d'écosystèmes où l'on relève des espèces végétales rares et menacées, ainsi que la présence de la Cistude et d'une Sauterelle rare, espèce nouvelle. Le maintien de ces zones humides est dû à la présence des aéroports militaire puis civil qui ont limité la construction du fait des nuisances sonores.
Les menaces sont pourtant bien réelles depuis ces dernières années : nouveaux projets de développement de l'aéroport civil et de ses accès, croissance anarchique des activités de loisirs et de nautisme dans la zone du Palyvestre, décharge de détritus, puis de matériaux inertes, visible sur 8 ha, comblement d'une vingtaine d'hectares de marais, épandage de boues de station d'épuration sur les zones agricoles…
3) Le marais des Estagnets
À l'extrémité sud de la route du sel, cette zone naturelle de 12 ha, propriété du Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres, présente une biodiversité exceptionnelle. Il s'agit du seul marais d'eau douce peu pollué du secteur, entouré d'une végétation basse riche et diversifiée très caractéristique. La zone palustre, les prairies humides sablo-limoneuses, les pelouses sur sol sableux et les dunes d'arrière-plage qui la composent abritent des espèces végétales rares, mais aussi de nombreux oiseaux, des amphibiens et des reptiles protégés sur l'ensemble du territoire national. Quoique fermé au public, ce site, et surtout les terrains environnants, ont subi de fortes dégradations : fréquentation humaine excessive (véliplanchistes, stationnement et camping sauvage), dépôt sauvage d'ordures, pression de la chasse, déséquilibre hydrique…
4) Le marais Rodon ou Redon
Ancienne extrémité nord-est de l'étang des Pesquiers avant son aménagement en salins, cette zone d'eau douce à saumâtre, de roselières et de sansouires présente un intérêt pédagogique remarquable. Quoique de surface réduite (3 ha) et bordé de toutes parts par des voies de circulation très fréquentées, et gêné par un éclairage de nuit, ce minuscule marais accueille une grande quantité d'oiseaux nicheurs protégés dont les avocettes élégantes. Entamé par les carrefours et les remblaiements, le marais Redon a été remis en eau plus régulièrement grâce à la gestion du Parc national de Port-Cros.
5) La mare du Pousset
La mare du Pousset, au cœur d'une roselière, est une petite mare d'eau douce à saumâtre située à la Capte, au sud de la Bergerie et à l'est de la RD 97, à l'angle du chemin menant à la Chambre des métiers du Var. Ce dernier vestige des marais littoraux comporte un étagement de végétation de la jonchaie à la roselière et est ceinturé par des Tamaris. Il abrite des oiseaux d'eau et des espèces de reptiles et d'amphibiens protégés sur l'ensemble du territoire national. Mais son équilibre est fréquemment perturbé par des aménagements en limite de zone (comblement, drainage) et par la pénétration, notamment l'été, de gros véhicules en stationnement.
Ce microsite, intéressant également du point de vue pédagogique, mérite une protection et une valorisation plus efficace. Fin 2001 la Municipalité a fini par protéger la zone par des ganivelles, à la suite d'une action de l'APG.
Conclusion
Parce qu'elles appartiennent au patrimoine paysager et culturel et qu'elles sont le lieu d'activités touristiques et socio-économiques (chasse, pêche, salines), les zones humides hyéroises méritent d'être préservées et valorisées.
Les différentes contraintes mises en place par la Loi 1930, par la Loi Littoral 1986, par la Loi Paysage 1993, par les décrets (1982, etc.) de protection des espèces botaniques, par les directives « Oiseaux » et « Habitat » de l'Union européenne, devraient assurer une gestion durable des zones humides et des espaces naturels hyérois… si elles étaient respectées.