Végétation du passé
Textes inspirés de documents de René Molinier et de Hélène Triat-Laval, maître-assistante, docteur es-sciences, laboratoire historique et palynologie, ERA, CNRS, faculté des sciences de Saint-Jérôme, Marseille. Elle a réalisé un travail à partir d'analyses polliniques.
Au tertiaire :
Au cours de la première moitié du tertiaire, la Provence connaît une flore xérophile correspondant à un climat plus chaud qu'aujourd'hui.
La deuxième moitié du tertiaire connaît une flore de type subtropical avec le Laurier des Canaries, le Sabal, le Tulipier, le Liquidambar, le Séquoia, le Ginkgo, le Camphrier, le Sapindus.
Ces espèces vivaient à côté de végétaux : Chêne pubescent, Chêne vert, Chêne-liège, Chêne kermès, Érable de Montpellier, Filaire anguleuse, Viorne-tin... se rajoutaient Châtaignier, Frêne, etc. Ces végétaux sont demeurés autochtones.
La fin du tertiaire marque un refroidissement sensible : les éléments subtropicaux disparaissent.
Au quaternaire :
Le quaternaire connaît plusieurs glaciations. Les éléments subtropicaux ont disparu sauf quelques espèces survivantes réfugiées dans des stations sèches et chaudes (par exemple l'Euphorbe arborescente, Euphorbia dendroides à Port-Cros et sur la Côte-d'Azur et le Cirse de Casabona, Ptilostemon casabonae circonscrit à l'île du Levant).
Des espèces forestières survivent dans des refuges à basse altitude (Chênes...).
Le climat des périodes glaciaires favorise l'arrivée d'espèces eurosibériennes.
Vers -15000 ans, la végétation provençale est constituée par de grandes étendues de steppes d'herbes et de petits buissons. Cette steppe est dominée par du Genévrier. Quelques rares pins rompent cette monotonie.
Des espèces forestières survivent dans des zones refuges situées à basse altitude et moyenne altitude : Hêtre, Sapin, Chêne pubescent, Chêne vert, Tilleul, Noisetier, ... elles échappent ainsi à la rigueur du climat et végètent.
Le climat s'améliore, irrégulièrement, de -13000 à -10000 ans. La suprématie de la steppe est interrompue par un essor forestier. Celui-ci est d'abord modeste. Il se traduit essentiellement par une extension de la pinède à Pin sylvestre dans laquelle le Pin d'Alep est présent.
10 000 ans avant nos jours, une amélioration climatique plus marquée et durable se produit, l'orographie se stabilise, et une reforestation se manifeste.
Les différentes étapes vont s'enchaîner rapidement dans notre région.
- Cette reforestation débute par une forte poussée de la pinède qui domine le paysage alors que se note le déclin du Bouleau et du Genévrier. La pinède atteint à ce moment là une extension qu'elle ne retrouvera plus jamais, peut-être parce qu'elle constituait, d'une part le premier chaînon de la dynamique forestière et d'autre part, le peuplement le plus apte à pouvoir prospérer à une grande échelle sur les sols médiocres hérités d'une longue période de climat sévère. Mais cette extension de la pinède est de courte durée - moins d'un millénaire - car très rapidement avec l'amélioration climatique définitivement acquise et grâce à la proximité des refuges méridionaux, une série irréversible de changements dans la végétation forestière va s'enchaîner.
- La végétation de la Provence de la période située après les glaciations est qualifiée d'originelle conventionnellement. Elle comportait deux associations forestières climaciques essentielles :
- Une chênaie d'Yeuses (Chênes verts),
- Une chênaie de Chênes pubescents puissante, avec un peu d'Orme, Frêne, Érable, Tilleul. Elle se développe grâce à l'existence des refuges forestiers et à l'amélioration climatique définitivement acquise.
S'y ajoutent :
Une hêtraie modeste sur quelques ubacs élevés,
Un Oleo-lentiscetum sur le littoral,
On trouve aussi des zones halophiles, des ripisylves, des groupements rupestres. - La pinède décline.
Vers -7500 ans, au Néolithique ancien, l'impact humain jusqu'alors peu visible, se manifeste de plus en plus et surtout à partir de -3000 ans. En effet, se sédentarisant, le pasteur néolithique, devenant agriculteur, va accentuer les défrichements d'abord au détriment du Chêne pubescent. Le Chêne vert profite du vide écologique ainsi créé. Il est favorisé par une meilleure résistance à l'incendie, une plus forte capacité de reprise de souche et une plus grande rusticité. Le Chêne vert progresse. Il existe donc des liens indéniables entre l'expansion du Chêne vert et l'action humaine.
Les forêts du passé ont évolué.
Les Chênes pubescents ont été remplacés dans de nombreuses zones, par des Chênes verts.
L'Homme est intervenu en défrichant, exploitant, incendiant, favorisant la dégradation de la forêt. La déforestation est suivie par le ravinement et la disparition des sols superficiels, découvrant parfois la roche mère. De cette forêt ne persistent que des vestiges et surtout les stades de dégradation.
- Sur sols cristallins, le Chêne-liège s'est développé, formant une suberaie, action probablement favorisée par l'homme. Cette forêt s'est successivement dégradée en maquis puis en cistaie.
- Sur sols calcaires, la forêt s'est dégradée en garrigue.
En proposant ses excursions commentées sur les thèmes de la botanique, de la géologie ou bien du paysage, l'APG s'efforce d'éduquer et de sensibiliser le grand public, et tout particulièrement les plus jeunes, au Respect et à la Protection de notre belle Provence !
Alors, amis randonneurs, ouvrez l'œil mais sachez aussi qu'il est interdit de cueillir les plantes qui sont pour la plupart protégées !
Vous pouvez consulter des listes de plantes rencontrées au cours d'excursions organisées par l'association. Ces listes ne sont pas exhaustives.